Cette fois-ci ce sera moins kitsch que le space disco du précèdent billet... Enfin, je vous laisse vous faire votre propre avis sur la question :-) ! J'avais lu il y a quelques années dans une critique la phrase suivante : « On ne visite pas un parc d'attraction comme on visite une cathédrale, c'est dans cet esprit qu'il faut aborder un album des Prodigy ». Cette phrase serait certainement un préambule adéquat aux billets de la série "plaisirs coupables" !

The Prodigy est un groupe anglais de musique électronique formé en 1990, au sommet de la vague rave en Grande Bretagne. Alors composé de Liam Howlett aux claviers, Maxim Reality au micro comme MC, ainsi que Keith Flint et Leeroy Thornhill aux danses bizarroïdes, le groupe assoit sa notoriété par ses concerts déchainés.


The Prodigy - Charly (sur Youtube)

Les Prodigy sortent de l'underground avec leur premier single Charly qui les classe alors au troisième rang des ventes de singles au Royaume-Uni. Ce morceau fait découvrir aux masses l'énergie et les ingrédients de la musique breakbeat hardcore alors diffusée dans les raves. Le premier album Experience sort en 1992 et connait le même succès, avec des titres euphorisants comme l'hymne Out of Space pour ne citer qu'un exemple.

Les Prodigy ne s'endorment pas sur leurs lauriers et leur musique évolue. En 1995 les temps sont sombres pour les raves, réprimées par le gouvernement Major, et ça se ressent dans le son du deuxième album Music for the Jilted Generation. No Good, leur titre le plus "dance" donne un fort sentiment d'urgence, Their Law est dans un pur esprit de contestation punk, et Poison (ci-dessous) laisse plus de place à l'expérimentation et à la voix du MC Maxim Reality.


The Prodigy - Poison (sur Youtube)

Je considère qu'à cette période la musique des Prodigy devient assez qualitative et n'a plus grand chose d'un "plaisir coupable". Puisque Liam Howlett s'était autorisé une musique plus sombre, plus libre, mélangeant plusieurs influences dont le rock, puisque les voix de Maxim Reality et Keith Flint remplaçaient les samples, le chemin était tracé pour l'album de 1997 que certains considèrent comme le chef-d'œuvre du groupe.

Si je me souviens bien, c'est Simon aka Dark-Chyper qui m'a fait découvrir The Prodigy il y a 7-8 ans, en m'initiant à Fat of the Land, leur troisième album. J'ai tout de suite été emballé par leur son dur, rapide et précis, les voix torturées qui répétaient inlassablement des incantations ténébreuses, et le large panel de genres abordés : electro-acid (Smack my Bitch Up), hip-hop (Diesel Power), rock (Breathe) et trips planants (Narayan et Climbatize)...


The Prodigy - Firestarter (sur Youtube)

Le public rock est conquis par des morceaux comme Firestarter (ci-dessus) et les live électrisants du groupe, ce qui place The Prodigy au sommet des charts et de leur gloire. Suite à ça... plus rien pendant 5 ans.

En 2002 le groupe fait une courte réapparition avec le single Baby's Got a Temper. La partie vocale provocatrice écrite et interprétée par Keith Flint, tout comme le clip particulièrement inspiré, peinent à contrebalancer un beat un peu mou. Aucun album n'a suivi, et le groupe est resté silencieux pendant 2 années de plus, jusqu'à l'arrivée en 2004 du décevant quatrième album ''Always Outnumbered, Never Outgunned''. Le plaisir diminue, le sentiment de culpabilité devient plus présent...

Invaders Must Die, le cinquième album des Prodigy est sorti il y a environ 2 mois. En tant que fan j'appréhendais ce nouvel opus, inquiet pour sa qualité, mais je n'ai pas pu m'empêcher de l'acheter le jour même de sa sortie. Forcement, des attentes trop élevées mènent toujours à la déception : IMD n'est pas le miracle musical que j'attendais. Le premier single a un beat affreusement unfunky directement repompé de Justice, la mélodie de Omen est affligeante... Mais le tableau n'est pas tout noir.

The Prodigy souhaitaient retrouver leurs racines et déverser un torrent d'énergie positive. Certains morceaux de cet album nous rappellent non seulement l'esprit du premier album, mais aussi ses sonorités. C'est surtout frappant dans le titre Warrior's dance (ci-dessous) qui sonne comme un anachronisme : des synthés bien gras actuels avec des percus et un sample de voix particulièrement rétros (le morceau d'origine est Final Cut - Take me away, aussi improbable que ça puisse paraitre, Jeff Mills figure donc dans les crédits d'un morceau des Prodigy !)


The Prodigy - Warrior's Dance (sur Youtube)

Alors qu'ils avaient réussi à nous surprendre en innovant perpétuellement avec quatre albums toujours différents, The Prodigy sont peut-être maintenant en panne d'inspiration... Certes, leur musique est redevenue 100% festive, on peut donc prendre à l'écoute un certain plaisir... coupable !

Si cette série vous plait j'essaierai d'écrire plus régulièrement, au rythme d'un article mensuel par exemple. Si vous souhaitez découvrir plus en détail le groupe je vous ai sélectionné les disques clés dans la boutique dans ma chambre.

Et vous, quels sont vos plaisirs coupables ? Passez aux aveux dans les commentaires ! Il est même possible pour les plus inspirés de proposer un article que nous publierons avec joie :-)